Le secourisme : entre formation et passion

Le plan SATER

LE PLAN SATER

Le plan SATER (Sauvetage Aéro-TERrestre) est un plan spécialisé complémentaire du plan ORSEC. Il est mis en œuvre par le préfet du département impliqué par des recherches, parallèlement et en coordination avec les recherches aériennes menées par l'armé de l'air.



I Rôles, objectifs, moyens

    A. Il prévoit

- l'organisation des recherches et le sauvetage des aéronefs en détresse, par moyens terrestres, en relation avec les organismes de coordination SAR,
- les liaison nécessaires avec les Centres de Coordination et de Sauvetage de l'Armée de l'Air et la coordination des interventions entre les moyens aériens et les moyens terrestres.

    B. Les objectifs

- recueillir des renseignements concernant un aéronef porté disparu ou des émissions de signaux aéronautiques de détresse,
- rechercher et localiser un aéronef ou une émission de balise aéronautique de détresse,
- sauver et évacuer les victimes.

    C. Les moyens

- le Groupement Départemental de la Gendarmerie Nationale,
- les Sapeurs Pompiers,
- le S.A.M.U.,
- les associations de secourisme,
- les radioamateurs (ADRASEC).

NB : afin de pouvoir localiser l'aéronef sur le terrain, les pouvoirs publics comptent sur les radioamateurs qui ont un savoir-faire incontournable.

En France, le Réseau des Emetteurs Français (actuellement désigné par REF-Union) créé en 1925 a été reconnu d'utilité publique en 1952. Ses membres, référencés avec un indicatif attestant de la réussite à leur examen, sont membres d'une organisation départementale (ADRASEC) elle-même affiliée à une fédération (FNRASEC).
Le fonctionnement ainsi que les compétences de ces radioamateurs sont légiféré.

II Phases

Les recherches se décomposent en trois phases :

    A. Phase Alpha

        1. Application

        La phase ALPHA est appliquée lorsqu'on est sans nouvelle d'un aéronef dont le vol est connu des services de contrôle de la circulation aérienne.
        Elle peut être déclenchée dans le cadre des mesures préparatoires à une opération SAR (search and rescue). Elle s'applique normalement à des zones de grande étendue, lorsque les renseignements sur l'appareil disparu sont nettement insuffisants.

        2. Modalités

        Le CCS (Centre de Coordination de Sauvetage), ou organisme délégué, adresse directement au groupement de gendarmerie du ou des départements concernés par l'alerte, une demande de renseignements n°1.

        Pour les membres ADRASEC (Association Départementale des Radio Amateurs au service de la SEcurité Civile) elle consiste en :
            - une pré-alerte,
            - écoute statique à la demande du CCS,
            - recenser les moyens disponibles,
c'est à dire être prêt à intervenir dans les plus brefs délais pour la Phase Bravo.

    B. Phase Bravo

        - mise en service des moyens de recherche goniométrique,
        - mise en place des opérateurs du PC radio à la préfecture sous la responsabilité du CORA (commandant des radioamateurs),
        - assurer la liaison radio entre les équipes de recherches et les autorités,
        - retransmettre les résultats d'écoutes des relevés et positions.

    C. Phase Charlie

        L'ADRASEC ou les ADRASEC du ou des départements concernés mettent leurs moyens en hommes et en matériel à la disposition du P.C./M. (mobile) pour assurer les liaisons radio avec le P.C./F. (fixe).

III Fonctionnement sur le terrain

Lorsqu'un accident ou une disparition d'engin aéroporté est signalé, la région présumée de la disparition d'un aéronef équipé d'une balise de détresse est communiquée par l'autorité préfectorale au président de l'ADRASEC. La région indiquée peut couvrir des dizaines de kilomètres carré et s'étendre du plusieurs départements. Le rôle de chaque ADRASEC concernée va être de localiser la position de la balise le plus rapidement possible.

Dans un premier temps, le but va être de déterminer une zone de quelques km² pour rapprocher les moyens de secours du lieu de la catastrophe ; c'est la première phase que l'on peut appeler "détection à longue distance".
Le premier souci du PC qui se met en place est d'obtenir la confirmation par une des équipes que la balise est audible. Si la balise n'est entendue par aucune équipe il se posera deux questions :
- La balise est-elle encore en service ?
- Si oui, quel est le secteur à ratisser ?

    A. Le poste de commandement (PC)

De la qualité du PC dépendra en grande partie les performances du groupe et le résultat de l'exercice.

        1. Rôle

Sans PC, une recherche dans le cadre d'un plan SATER serait une simple chasse où chaque équipe perdrait du temps à refaire les mêmes mesures que ses concurrents.
Son rôle est de :
- recueillir et interpréter les relevés transmis par les équipes,
- les tracer sur une carte pour cerner la position de la balise de l'appareil recherché,
- diriger les équipes vers de nouveaux points de mesure.

Il coordonne les recherches sur le terrain en cherchant l'efficacité maximum sans négliger la sécurité de chacun.

Il est composé de deux radioamateurs ou OM (Old Man) (ou d'un OM et d'un SWL = Short Wave Listener : écouteurs sur ondes courtes) ayant chacun sa fonction particulière :
    - transmissions avec les équipes sur le terrain et éventuellement trafic avec d'autres station (préfecture...) et tenue d'un journal de trafic,
    - traçage des mesures, étude de la carte, élaboration d'une stratégie.

Le PC ne donne pas d'ordres mais fait des suggestions et tente de persuader son interlocuteur de leur intérêt.

Chaque équipe reste libre et responsable de ses actes tant vis à vis d'elle-même que d'autrui. Elle s'efforce de prendre en compte les suggestions du PC et de satisfaire ses besoins en relevés et autres informations.

        2. Inventaire des stations

Par un appel rapide et complet des stations à l'écoute, le PC établit une liste des participants aux recherches. En quelques questions il connait les possibilités de chacun :
- antenne (légère ou à grand gain) + récepteur,
- équipement radio pour les transmissions (mobile, portatif...),
- position géographique (au domicile, sur la route...),
- équipement personnel (pour aller sur le terrain, marche de nuit...),
- véhicule...

        3. Le suivi des stations sur le terrain

A tout instant le PC doit savoir où se trouve une équipe, quels sont ses dernières mesures, quelle est sa mission en cours. Il doit être possible de reconstituer, heure par heure, le déroulement des recherches.

Pour cela le plus simple est de tenir un journal comportant :
- une colonne QTR (l'heure exacte) avec l'heure sous la forme HHMM,
- une colonne par équipe engagée avec, en entête, la composition de l'équipe et son matériel (sous forme de codes).

Horizontalement on décrira sommairement chaque événement :
- appel radio, avec résumé des informations transmises,
- relevé ; mesure complète avec QTH (la position en latitude et en longitude) exact en coordonnées UTM ou Universal Transverse Mercator (projection cartographique en latitude, longitude, degrés) de l'équipe,
- direction suivie, route ou chemin,
- consigne donnée.

Tous les quarts d'heure le PC se doit d'appeler chaque station. Les buts de ce tour d'horizon sont nombreux :
- vérification de la qualité de la liaison et de la disponibilité de chacun,
- soutien de la motivation de chaque équipe,
- transmission et recueil d'informations particulières.

        4. Le matériel du PC

Pour tracer :
- planche à cartes pouvant être utilisée dans une voiture (format 70x70cm),
- planchette format A3 pour support de "journal de trafic",
- 8 pinces à dessin pour fixer les cartes,
- jeu de cartes IGN 1/100000 ou Michelin 1/200000 pour la première phase,
- jeu de cartes 1/50000 carroyées UTM,
- règle CRAS ou un rapporteur 360°+triple-décimètre,
- crayons mine tendre (2B) pour tracer les relevés,
- gomme.

Communications :
- station mobile puissante (30-50 W) pour réduire les problèmes de transmission,
- antenne omnidirectionnelle mobile,
- antenne yagi VHF avec petit mât mobile pour opérer depuis un point haut en direction d'une zone éloignée.

    B. Les mesures

La précision d'un relevé est relative : pour une même antenne une erreur de + ou - 1 km à une distance de 10 km se retrouvera être + ou - 2 km à 20 km, etc.
Toutefois si la balise se trouve dans une région vallonnée voire montagneuse, un relevé à grande distance peut être relativement plus précis qu'un relevé effectué à proximité de la zone et perturbé par des réflexions sur le relief.

        1. Phase d'approche avec véhicule

Une zone présumée d'une dizaine de km² a été déterminée grâce à la phase de détection à longue distance. Avant d'envoyer les équipes pédestres sur le terrain, le PC aura besoin de déterminer avec plus de certitude la position de la balise.
Dans une contrée montagneuse ou à proximité d'obstacles infranchissables (rivières, canaux, étangs, marais, falaises...) progresser à pied peut être très long, la zone du crash devra être délimitée de façon plus serrée (2 ou 3 km²) qu'en plaine ou région de collines praticables (4 ou 5 km²). Il vaut mieux passer un peu plus de temps en phase d'approche et faire effectuer un peu plus de relevés à des équipes se déplaçant en véhicule que d'imposer un seul km à pied en plus à des équipes pédestres.

Dès qu'une zone est grossièrement déterminée, le PC peut envoyer :
- une équipe directement dans la zone avec mission écouter le signal en roulant en parcourant tous les chemins carossables,
- plusieurs équipes autour de la zone pour effectuer des relevés à moyenne distance (recul de 5 à 10km suivant le relief).
Plus le relief est marqué dans la zone présumée, plus grand doit être le recul de façon à réduire l'influence des échos.

        2. Phase finale en véhicule

Une zone de 2 ou 3 km carrés a été déterminée avec certitude et il n'est pas possible de la réduire car il n'y a pas de chemin carrossable qui permettraient de se rendre rapidement dans la zone. Il va falloir quitter le véhicule et continuer les recherches à pied jusqu'à ce que la balise ou le lieu du crash soit découvert.
Il ne suffit pas d'avoir trouvé la balise mais encore faut il pouvoir en donner la position géographique très précise pour y diriger le plus efficacement possible les moyens de secours.

        3. Équipes mobiles pédestres

Une fois une zone restreinte déterminée, il faut pouvoir obtenir un contact plus précis, voir visuel du lieu de l'accident. C'est dans ce cadre qu'interviennent les équipes mobiles pédestres.

    A. Équipement et matériel

Selon le terrain et les conditions atmosphériques, l'équipement minimum peut varier nettement. Exemple extrême : de nuit par temps de neige et brouillard en montagne moyenne (parce que les avions disparaissent rarement en plaine un bel après-midi de juillet).

        1. Équipement personnel

- vêtements chaud et adapté pour supporter l'humidité et un refroidissement brutal,
- pèlerine permettant de protéger les cartes et le matériel radio,
- chaussures adaptées au terrain + raquettes éventuelles,
- couverture de survie ou petite bâche.

        2. Intendance

- nourriture, boisson + aliments énergétique pour 12 h minimum.

        3. Éclairage

- lampe frontale + piles pour 10 h d'éclairage,
- mini-torche de secours + piles de rechange.

        4. Communication

- talky-walky + pack batterie chargé maintenu au chaud

        5. Détection

- récepteur 121 MHz + piles de rechange
- antenne directive peu encombrante
- 2 câbles d'antenne (dont 1 de rechange)
- champmètre

        6. Orientation

- boussole,
- cartes dont un jeu carroyé UTM,
- GPS,
- papier et crayon pour noter les messages.


        7. Accessoires

- drisse 6 mm longueur minimum 30 m pour descendre les talus difficiles,
- briquet + papier journal pour allumer du feu.

    B. Progression

La progression en pédestre vers la balise peut s'effectuer lentement et avec difficultés.
Toujours chercher à utiliser les chemins et sentiers pour s'approcher au plus prés de la balise. Identifier les obstacles pour les contourner (falaises, ronciers, marécages, propriétés privées...).
Ne pas perdre de vue la sécurité, ne pas confondre rapidité et précipitation.
Dans une zone au relief prononcé on a toujours intérêt à attaquer par le haut.
Le signal peut être d'abord net et puissant puis faiblir et sembler venir de partout : persévérer, faire de fréquentes mesures, intégrer les résultats pour en tirer une moyenne et continuer droit dans la direction la plus probable.
Suivre la progression sur la carte en prenant des points de repère, essayer d'estimer la distance, mesurer la direction moyenne de progression à l'aide de la boussole. Le but étant de donner rapidement la position de la balise au PC.

    C. La position de la balise

Il est important de pouvoir se situer avec certitude sur le terrain et de donner ses coordonnées UTM (ou géographiques) avec le maximum de précision.
En complément de la mesure de la position à l'aide de la carte on peut utiliser un GPS pour confirmer. Attention à vérifier la valeur fournie par le GPS, certaines mesures peuvent se révéler fortement erronées, surtout sous le couvert des arbres ou en région montagneuse.


IV L'organisation des secours

Une fois l'aéronef retrouvé précisément, les secours s'organisent selon un schéma classique de type ORSEC ou Plan Rouge (articles à venir).

Sources :

FNRASEC (Fédération Nationale des RadioAmateurs au Service de la Securité Civile) : « Plans de secours » :  http://www.fnrasec.org/
ADRASEC 86 : http://www.f8au.org/adrasec/sater.htm
ADRASEC 45 : « Le plan SATER » : http://f4ahw.free.fr/ADRASEC45/html/Pl_SATER.htm
ADRASEC 90 : « L'ADRASEC et le plan SATER » : http://pagesperso-orange.fr/f5zv/RADIO/RM/RM15/RM15b/RM15b.html
Wikipédia : « Radioamateur » : http://fr.wikipedia.org/wiki/Radioamateur#Radio-clubs
Source LEGIFRANCE :
Instruction interministérielle n° 97-508 du 14 novembre 1997 relative au plan de secours spécialisé SATER départemental ; Bulletin officiel du ministère de l'intérieur n° 97/4 p. 176-186  http://www.legifrance.gouv.fr/affichSarde.do?reprise=true&page=1&idSarde=SARDOBJT000007106347&ordre=null&nature=null&g=ls
Arrêté du 14 mai 1998 homologuant les décisions de l'Autorité de régulation des télécommunications n° 97-453 fixant les conditions d'utilisation des installations de radioamateurs et de délivrance des certificats et des indicatifs d'opérateurs radioamateurs et n° 97-454 relative aux programmes d'examen des certificats d'opérateurs radioamateurs en date du 17 décembre 1997 ; NOR ECOI9800415A ; J.O. du 27/05/1998 Pages : 8049/8050
http://www.legifrance.gouv.fr/affichSarde.do?reprise=true&fastReqId=2124695070&idSarde=SARDOBJT000007105251&page=14


17/11/2008
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