Le plan Orsec a été déclenché samedi par le préfet des Landes alors qu'une violente tempête balaie le sud-ouest du pays. Il a été créé en 1952 pour faire face à des situations exceptionnelles. La loi de modernisation de la sécurité civile de 2004 a réformé la doctrine de planification des secours. Ainsi, après 1952 et 1987, une troisième génération du plan Orsec destinée à traiter les conséquences de tout type d'événement nécessitant une réponse urgente pour la protection des populations, et ce quelle qu'en soit l'origine (catastrophe naturelle ou technologique, attaque terroriste, crise sanitaire) s'est mise en place.
C'est dorénavant une «boîte à outils» unique, qui regroupe l'ensemble des procédures d'actions, outils opérationnels utilisables selon les circonstances.
A l'inverse du système précédent où le plan Orsec était le sommet de la pyramide de réponse face à un événement, il devient, dans le nouveau dispositif, la base de réponse quelle que soit la situation d'urgence. Ces évolutions s'illustrent au travers de la traduction du terme «Orsec» lui-même : il ne signifie plus simplement «ORganisation des SECours» mais, de manière plus large, «Organisation de la Réponse de SEcurité Civile».
Le plan Orsec national ayant été supprimé par la loi de 2004, coexistent un plan Orsec zonal (décidé par le Préfet de zone de défense), un plan Orsec départemental (décidé par le Préfet de département) ou plan Orsec maritime (décidé par le Préfet maritime).
La mise en place du plan Orsec permet l'organisation des secours sous une direction unique (DOS), répartie en cinq services et adaptée à la nature et l'ampleur de l'évènement: premiers secours et sauvetage (assurés par les Sapeurs-pompiers et les Associations de secours), soins médicaux et entraide (assurés par la DDASS et le SAMU), police et renseignements (assurés par la Police nationale et la gendarmerie), liaisons et transmissions (assurés par le Service de Transmission de l'Intérieur), transports et travaux (assurés par la DDE et le conseil général).
Plus largement, le préfet doit veiller à alerter la population, gérer la partie administrative d'un évènement majeur et assurer la mission de post-crise. Il travaille pour cela avec d'autres services tels que le procureur, la protection Civile, la Croix Rouge etc.
Source : Le Figaro du 24-01-2009
Mercredi 05 Aout 2009
SAUGNACQ-ET-MURET 40. Un car portugais qui transportait 52 personnes s'est renversé sur la RN 10, hier matin. Le plan rouge a été déclenché. Hier soir, les causes du drame restaient inconnues
«J'étais en train de dormir lorsque j'ai été éjectée de mon siège. À côté de moi, une petite fille s'est mise à pleurer en appelant sa mère. J'ai eu très peur, mais je m'en sors bien », raconte une rescapée allemande. La jeune femme est encore sous le choc, quelques heures après l'accident de car qui a fait un mort et 19 blessés, dont trois grièvement atteints, hier, sur la RN 10 à hauteur de Saugnacq-et-Muret, dans les Landes.
Il est 3 h 07 lorsque les secours sont avertis par un automobiliste témoin de la scène. Un autocar de la compagnie portugaise Mondinense circulant dans le sens nord-sud vient de se coucher sur la glissière de sécurité de la voie de droite, quelques mètres après la sortie 18 et quelques centimètres avant l'énorme pilier d'un pont. Dans le choc, d'une extrême violence, le pare-brise a explosé et tout le flanc droit est défoncé. 52 personnes, dont trois chauffeurs, se trouvent à bord du véhicule, parti la veille à 9 h 30 de Stuttgart, en Allemagne, pour rejoindre Porto, au Portugal. 46 passagers sont des ressortissants portugais, trois sont des Allemands et trois autres des Français.
Sombre bilan
Moins de vingt minutes après l'alerte, la préfecture des Landes déclenche le plan rouge et active une cellule de crise. « Ce dispositif a pour but de faire face à un nombre important de victimes, comme cela peut être le cas dans ce genre de catastrophe », explique le sous-préfet de Dax, Jacques Delpey, présent sur les lieux.
Une centaine de pompiers, médecins urgentistes, gendarmes, bénévoles de la Protection civile et agents de divers services de l'État sont envoyés sur place. Beaucoup gardent en mémoire le dernier plan rouge activé dans le département. C'était le 2 juin 2003. Cinq Marocains avaient alors péri dans un accident d'autocar sur la RN 10 à Pissos, et 45 avaient été blessés.
Moins lourd, le bilan du drame survenu hier n'en demeure pas moins sombre. Une Portugaise de 52 ans, qui se trouvait à l'avant du véhicule, est morte sur le coup. Cette femme avait embarqué à Stuttgart et se rendait à Vilar Formoso, un village à la frontière hispano-portugaise. Trois de ses compatriotes ont également été gravement blessées et transportées vers les hôpitaux de Bordeaux et d'Arcachon. Il s'agit de trois femmes de 23, 34 et 49 ans, dont l'une réside à Reims. 16 autres passagers ont été légèrement atteints et évacués vers les hôpitaux de Dax, Arcachon et Mont-de-Marsan, pour des examens de contrôle.
Hôpital de campagne
Parallèlement, un hôpital de campagne est installé dans la salle des fêtes de Saugnacq-et-Muret, où les rescapés reçoivent le soutien d'une cellule psychologique. « Il est très important que les victimes puissent être entendues rapidement afin d'exprimer leur angoisse », souligne un psychiatre.
Une dizaine de passagers font cette démarche, d'autres se blottissent dans des couvertures de survie, une boisson chaude à la main. Quelques enfants jouent, apparemment peu troublés par les événements. Pendant ce temps, le maire de la petite commune s'active. Le portable vissé à l'oreille, Serge Trabuchet jongle entre les journalistes et la préfecture. « Ça y est ! Une solution a été trouvée pour le repas de midi, souffle-t-il. Ils mangeront tous dans un restaurant voisin. »
Au même moment, un autocar affrété par la compagnie portugaise prend la route depuis Bilbao pour venir récupérer les voyageurs. À 16 h 30, 37 d'entre eux, dont deux des trois chauffeurs, quittent les Landes à son bord, tandis que trois familles décident de rentrer par leurs propres moyens. Une demi-heure plus tard, plan rouge et cellule de crise sont levés ; le numéro vert mis en place pour les familles est désactivé. « En fin d'après-midi, nous avions reçu une soixantaine d'appels », témoigne le directeur de cabinet du préfet, Serge Gonzalez. « Même sans numéro vert, nous restons joignables vingt-quatre heures sur vingt-quatre », insiste-t-il (1).
Aucune piste écartée
Reste désormais à établir pour quelle raison le chauffeur, un Portugais de 47 ans salarié de la société Mondinense depuis huit ans, a perdu le contrôle de son autocar. Si, dans un premier temps, l'hypothèse d'un endormissement a semblé la plus probable - la route et la visibilité ne présentant aucune difficulté au moment de l'accident -, le parquet de Mont-de-Marsan ne privilégiait hier soir aucune piste. « Toutes sont à l'étude », déclare la substitut du procureur Stéphanie Aouine. Placé en garde à vue dès 7 h 30 dans les locaux du peloton de gendarmerie autoroutier de Labouheyre, le chauffeur a été libéré en fin de journée. Il n'aurait aucun souvenir des minutes qui ont précédé la sortie de route et affirmerait ne pas s'être assoupi. Les premiers tests d'alcoolémie se sont révélés négatifs. Des examens sanguins complémentaires ont été ordonnés. Leurs résultats seront connus dans les prochains jours. En outre, l'exploitation du chronotachygraphe, une sorte de boîte noire installée dans les autocars, n'a pour l'heure révélé aucune infraction sur les temps de conduite des trois chauffeurs.
Les questions demeurent donc encore nombreuses. Certaines seront peut-être levées grâce à l'inspection de l'autocar. Un expert en mécanique doit être nommé aujourd'hui par le parquet.
Source : Sud Ouest 05-08-2009